Prévert, inventeur




• PLANCHE 1
- Hervé Bourhis
L'idée n'était pas de raconter la vie de "Prévert le poète bien connu", mais de se focaliser sur sa jeunesse. On a souvent l'image d'un Prévert vieux, la clope fatiguée au bec. Ici nous parlons du Prévert dandy,  punk avant la lettre, imprévisible, fantasque, et déjà très créatif verbalement. 
Et comme Christian est au dessin, ça me semblait normal de commencer l'histoire dans un port, celui de Constantinople, où Prévert  fait son service militaire de manière tout à fait personnelle... Mais ça je vous laisse découvrir comment. 
La dernière page de l'album reprend la structure de cette première page, sauf qu'au lieu d'un café turc, c'est un bar Parisien, 10 ans plus tard. 
Une manière de boucler la boucle de sa vingtaine, la décennie durant laquelle Prévert s'est construit, a mûri, a rencontré les gens qui lui ont donné l'envie d'écrire.

• PLANCHE 40 
- Hervé Bourhis 
Le Prévert jeune parlait énormément, improvisait, jouait avec les mots, provoquait sans cesse... C'était un personnage haut en couleurs, complètement libre, et qui fascinait déjà.
Rue du château, à Paris, Prévert inventa le principe du cadavre exquis, d'où le titre de l'album, "Prévert, inventeur".  
Il faisait partie des surréalistes, ce qu'on sait peu, pour la bonne raison qu'il n'écrivait encore rien à cette période  ! C'est d'ailleurs pourquoi il était le chouchou d'André Breton.  En effet, Prévert était brillant, mais ne travaillait pas et ne créait aucune œuvre durable : La perfection surréaliste !
Breton a toujours gardé de l'admiration pour Prévert, le citant même des décennies plus tard dans son "Anthologie de l'humour noir".
- Christian Cailleaux
Comment mettre Prévert dans des cases ?! L'envie de dérouler le récit sans contrainte en laissant les mots tendre le fil d'une image à l'autre m'est venue naturellement. Même s'il était toujours soucieux de son élégance, le poète et sa bande iconoclaste ne s'encombraient pas de règles eux non plus  !

• PLANCHE 41
- Christian Cailleaux
J'ai dessiné à l'encre de chine et à la plume, puis coloré les pages à la tablette graphique. L'outil informatique me donne une grande liberté pour tenter des harmonies et des contrastes que je n'oserais peut-être pas avec une technique traditionnelle. J'aime que la couleur soit un élément pleinement narratif, au même titre que le dessin ou le texte, et cette volonté est particulièrement utile pour cet album afin de garder la lisibilité et emmener le lecteur d'un image à l'autre dans ces séquences sans cadre.
C'était d'autant plus facile, qu'Hervé Bourhis est un conteur et un dialoguiste cultivé, plein de verve et de talent. Sans se laisser impressionner par les "monstres sacrés" que ce récit convoque, il leur a donné vie avec simplicité et délicatesse. Dès lors, je n'ai plus eu qu'à les animer.
J'espère que le lecteurs suivront, avec autant de plaisir que j'en ai eu, cette balade dans le Paris bohème du début du XXe siècle !